- biaiser
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• 1402; de biais1 ♦ V. intr. Vieilli ou littér. Aller ou être en biais, de travers. ⇒ obliquer. « Ayant aperçu le matelot étendu à terre, elle biaisa vers le navire » (Loti).2 ♦ Fig. Employer des moyens détournés, artificieux. ⇒ louvoyer, tergiverser. Avec lui, inutile de biaiser. « Ils biaisent sur beaucoup d'articles, ils mentent sur d'autres » (Bossuet). « Je ne parviens à rien qu'en biaisant et rusant avec moi-même » (A. Gide).3 ♦ V. tr. Statist. Introduire un biais dans (un échantillon). — P. p. adj. Estimateur biaisé, avec biais.Synonymes :- obliquerUser de moyens indirects, détournés, de rusesSynonymes :- feinter (familier)- louvoyer- tortiller (familier)biaiserv.d1./d v. intr. être, aller de biais.d2./d v. intr. Fig. User de détours. Soyez franc, ne biaisez pas.d3./d v. tr. Fausser intentionnellement.— Pp. adj. Des résultats biaisés.⇒BIAISER, verbe trans.A.— Aller ou être de biais :• 1. Le jet d'eau laissé libre s'élève en ligne droite; gêné, comprimé, il biaise, il gauchit.RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 59.• 2. Les paliers se succédaient toutes les dix marches, l'escalier hésitant, biaisant, s'y reprenant à trois fois avant de parvenir à l'étage.GIDE, Les Caves du Vatican, 1914, p. 781.— Prendre une voie, une direction oblique :• 3. À une heure, l'ascension fut reprise. Il fallut biaiser vers le sud-ouest et s'engager de nouveau dans des taillis assez épais.VERNE, L'Ile mystérieuse, 1874, p. 86.B.— Au fig. Employer des moyens détournés, des subterfuges, user de finesse ou de ruse :• 4. Quand je vis qu'il biaisait, j'attaquai de front. — Vous savez bien que je ne suis jamais allé dans le Maroc, lui dis-je.Cette apostrophe directe parut le réveiller; ...REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, p. 35.— Biaiser avec qqc. Biaiser avec les difficultés, avec sa conscience :• 5. ... on ne biaise point avec la vie. On ne trompe point l'arbre : on le fait pousser comme on le dirige. Le reste n'est que vent de paroles.SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, p. 566.— Sans biaiser. Sans gauchir, sans dévier.PRONONC. :[
] ou [bje-], (je) biaise [
]. PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930 et Pt Lar. 1968 (cf. aussi pour les dict. hist. FÉR. 1768, FÉR. Crit. t. 1 1787, GATTEL 1841, NOD. 1844, DG) notent [
] ouvert pour la 1re syll. de l'inf.; DUB. et Pt ROB. [e] fermé. WARN. 1968 réserve la prononc. avec [
] au lang. soutenu, celle avec [e] au lang. courant.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1402 « être de biais » (Cart. de Louviers, t. 2, ch. 2, 2 [Bonnin] dans QUEM.); av. 1590 « disposer obliquement » (MONTAIGNE, II, 12 [II, 365] dans HUG.); av. 1655 fig. « user de finesse pour éviter qqc. » (CYRANO DE BERGERAC, Préf. en tête de ses œuvres dans CH.-L. LIVET, Lex. de la lang. de Molière, Paris, Imprimerie Nationale, t. 1, 1895, p. 247).Dér. de biais; dés. -er.STAT. — Fréq. abs. littér. :67.BBG. — GUIRAUD (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, p. 100.biaiser [bjeze] v. intr.ÉTYM. 1402; de biais.❖1 Vieilli ou littér. Aller ou être en biais, de travers. ⇒ Obliquer. || Le mur biaise. || La route biaise pour couper la voie ferrée. || Marcher en biaisant. || Biaiser dans une direction, vers qqch. : prendre une voie oblique.1 S'il trouve une barrière de front, il biaise naturellement, et va à droite et à gauche.La Bruyère, les Caractères, VI, 38.2 (…) pour peu que la ligne biaise, j'en ferai bientôt une spirale plus entortillée qu'un serpent.Th. Gautier, Mlle de Maupin, VI.3 (…) il fit bien attention à ne pas marcher devant lui, parce que le gué est établi en biaisant, et qu'à droite comme à gauche, il y a de mauvais trous.G. Sand, la Petite Fadette, XI, 89.4 (…) ayant aperçu le matelot étendu à terre, elle biaisa vers le navire (…)Loti, Matelot, X, 43.2 Littér. Employer des moyens détournés, artificieux. ⇒ Louvoyer, tergiverser, tournoyer (vx). || Biaiser avec qqn. || Avec lui, inutile de biaiser. || Biaiser sur qqch. — (Sans compl.). || Je n'aime pas biaiser.5 Il y a de certains esprits qu'il ne faut prendre qu'en biaisant.Molière, l'Avare, I, 5.6 Ils biaisent sur beaucoup d'articles, ils mentent sur d'autres.Bossuet, Hist. des Variations, II.7 Il me paraît indigne de l'Assemblée de biaiser sur une question de l'importance de celle qui nous occupe (…)Mirabeau, Collection, t. II, p. 133.8 (…) il semblait m'accuser d'imprudence, sans vouloir jamais dire en quoi elle consistait; il biaisait et tergiversait sans cesse; il semblait ne parler que pour me faire parler.Rousseau, les Confessions, XI.8.1 Et pourtant sa pensée, déjà rebelle, opposait une résistance sournoise, biaisait vers les images délirantes.Bernanos, l'Imposture, Œ. roman., Pl., p. 373.♦ Cour. User de tempéraments, de ménagements. ⇒ Composer. || Biaiser avec sa conscience. || Biaiser pour faire triompher son point de vue.9 Voilà pourquoi je n'ose rien projeter ni promettre et que je ne parviens à rien qu'en biaisant et rusant avec moi-même, le long de quels atermoiements (…)Gide, Journal 1889-1939, 1912, Pl., p. 365.❖CONTR. Aller (aller droit au but).DÉR. Biaisé, biaisement, biaiseur.
Encyclopédie Universelle. 2012.